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Confessions d’une collectionneuse d’info (ou les affres de la curiosité sur internet)

Confessions d’une collectionneuse d’info (ou les affres de la curiosité sur internet)

22 articles lus, 4 bouquins parcourus, 17 onglets ouverts, 5 pages de notes, deux vidéos et trois bouffées de FOMO…j’en étais là de la préparation d’un de mes billets, et j’entamais la lecture d’un 23e article lorsque je me suis dit “STOP ! C’est plus possible”. Il faut dire que ce n’était pas la première fois que je m’égarais dans les limbes de la documentation. Je suis même spécialiste en la matière. Si je t’en parle ici, ce n’est pas juste pour te raconter ma vie passionnante, mais parce que je ne pense pas être la seule dans cette situation. On nous a mis entre les mains ce fantastique outil qu’est internet…et on ne nous a pas appris à éviter de se laisser dévorer par ce monstre tentaculaire. Ça commence comme ça : je pars d’un point – des recherches sur un sujet précis pour un article ou un programme, ou du contenu sur lequel je suis tombée au hasard d’un tweet ou d’une newsletter – et, telle Alice au pays des merveilleux savoirs, me voilà aspirée dans un dédale d’informations duquel je ne parviens plus à sortir. J’ai beau me raisonner, me dire “juste 5 articles”, “juste une demi-heure”, “juste ce sujet, rien d’autre”, peine perdue. Control-clic, control-clic : mes onglets poussent comme des petits champignons. Ah ! Les joies et les affres de la sérendipité sur internet. J’engloutis l’information de façon compulsive. Mon cerveau se transforme en réceptacle que je ne cesse de remplir. Un puits sans fond. Comme je ne suis pas capable de traiter toute cette documentation au fil de mon ingurgitation (comprendre : de l’intégrer et de la restituer à ma façon, à mon tour) : je stocke. Je range dans des petites boites. Je crée des brouillons de contenu, des listes de choses à lire, je favorise, je m’envoie des mails que je laisse en non lus, à traiter plus tard. Un onglet peut parfois rester ouvert pendant des semaines dans mon navigateur, en “attente de traitement”. Et puis, je prends des notes. Beaucoup. Mon Evernote, c’est Byzance ! Des idées du sol au plafond. Avec tout ça, j’ai de quoi écrire jusqu’à mes 101 ans sans m’arrêter (et en avoir encore sous le pied). Le pire, c’est que je suis bien consciente de ce glissement vers ce grand n’importe quoi, je me vois perdre pieds, mais ma soif de connaissance semble intarissable. Tout me passionne et je n’arrive pas à me contenter de gratter la surface. J’ai besoin de creuser pour aller au fond des choses. Plus j’en apprends, plus ma curiosité s’aiguise. Or, aujourd’hui, la quantité de contenu accessible gratuitement est inouïe. Comme un gigantesque buffet à volonté où tout aurait l’air furieusement appétissant. Et me voilà, l’assiette en main, les yeux plus gros que le ventre, à vouloir absolument goûter à tout, au risque de frôler l’indigestion. C’est que je ne suis pas armée face à la magie parfois perverse d’internet. D’abord parce que, comme tout m’intéresse, j’ai l’impression de passer à côté d’un milliards de choses. L’immensité des territoires à explorer provoque en moi une frustration aigüe…mais son exploration une énorme satisfaction. Ensuite, parce que mon sentiment d’efficacité en prend un sacré coup, puisque j’ai l’impression de ne jamais parvenir au but. Si tu as déjà fait de la rando en haute montagne, tu sais peut être de quoi je parle : quand tu penses atteindre un sommet, et qu’en fait, arrivé là, tu te rends compte qu’il en cachait un autre, puis encore un autre. D’autant que lire est pour moi une source fantastique de créativité, ce qui est une bonne chose, mais cela signifie que pour chaque contenu lu, ce sont cinq sujets qui s’ajoutent à ma liste de toutes les choses que j’ai envie d’écrire et que je n’ai pas encore écrites. Bonjour l’angoisse ! Tout ce potentiel qui dort dans mon ordinateur m’occupe l’esprit. Car en soi, ce que je veux, c’est transformer, connecter, modeler toutes ces connaissances pour en tirer de la valeur et créer du contenu utile à nos utilisateurs. Et puis, cette boulimie de l’info me maintient dans un état de collecte et d’analyse épuisant. Je passe un temps fou dans la recherche avant de passer à l’action. Je mets cinq fois plus de temps que ce que je devrais à écrire un article et ce, même si j’ai conscience que, dans le fond, passer 2h à chercher un chiffre ne fera pas grande différence sur la qualité globale de mon article. D’autant que, oui, j’ai un petit problème avec la procrastination et me renseigner “juste un petit peu” avant d’attaquer l’écriture de contenu est mon excuse favorite pour ne pas m’y mettre tout de suite. Alors, que faire ? Je pense bien sûr à tout ceux pour qui, comme moi, se documenter fait partie du quotidien professionnel et qui voient des heures et des heures partir en fumée, bloqués dans les limbes de l’analyse qui paralyse, lisant beaucoup agissant peu. Tous ceux pour qui se documenter est une composante importante de leur mission : ceux qui font de la veille, de la recherche, écrivent pour des blogs… S’ils sont salariés, ils subissent probablement la pression des deadlines à respecter et le cauchemar des heures qui défilent sans que le projet avance. S’ils sont indépendants, là c’est la débandade faute de s’astreindre à un cadre. Je pense à tous ceux qui aiment se former par eux-mêmes – et nous sommes nombreux. Ceux qui, par exemple, cherchent à se reconvertir, ou à développer une compétence nouvelle, et se perdent en chemin dans la documentation pléthorique, ne sachant plus à quel saint se vouer. Je pense aussi à tous ceux qui cherchent leur voie et se nourrissent de contenu, d’exercices, de programmes en ligne et de bouquins…sans avoir l’impression d’avancer. Ceux qui, par exemple, souhaitant identifier leurs talents, commencent par décoder la notion de talent, ce qui les amène à la différence avec les compétences, puis avec les aptitudes, sujet qui débouche sur la notion d’innée et d’acquis, et 10h de conférences TED, tests gratuits et lecture plus tard, les voilà super calés sur ce qu’est un talent, mais à peine plus avancés sur ce qu’il en est des leurs. Je pense à tous ceux, enfin, qui sont atteints de cas grave de “renseignonite” et ne peuvent s’empêcher de creuser chaque sujet qu’ils rencontrent, personnels comme professionnels. Ceux qui se retrouvent à 3h du matin au fond de leur lit à surfer sur les forums pour trouver une solution à leur invasion de fourmis ou à la chute de leurs cheveux. La magie d’internet c’est que tout est à ta portée. L’horreur d’internet c’est qu’on y trouve de tout et beaucoup de n’importe quoi. Sans filtre. Faute de tri et de restriction efficace, le tout se transforme en une espèce de bouillie où on ne parvient plus à distinguer le grain de l’ivraie, le contenu de qualité du superficiel. Alors, ami.e collectionneur.se d’info, accro de la recherche, boulimique de contenu, serrons nous les coudes. Je m’en vais de ce pas glaner quelques conseils pour nous sortir de ce mauvais pas. En attendant, voici une première ruse de Sioux : te fabriquer des contraintes externes en annonçant par exemple une deadline à un client ou un collègue qui aura besoin des fruits de ton labeur.

L’article Confessions d’une collectionneuse d’info (ou les affres de la curiosité sur internet) est apparu en premier sur Carnets de Bloomr.


Source: test

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